jeudi 18 février 2010

Je me souviens…

Il y a un an, jour pour jour, je revenais d'Afrique et j'avoue que je n'en reviens toujours pas et parfois je me demande si j'en suis totalement revenue...
Pendant un an, je n'ai vécu que pour me réaliser. Je n'ai pas fait ce projet de coopération pour faire de l'argent pour payer mon appartement et mon auto. Je l'ai fait pour moi, pour le plaisir de faire quelque chose pour l'humanité...

Tout à commencer il y a deux, presque jour pour jour. Le 23 février je m'apprêtais à vivre la journée qui allait changer ma vie. Je me préparais en cachette à partir pour Rivière-du-Loup pour une entrevue suite à ma demande d'admission au programme de coopérant volontaire. Ce jour là, j'ai senti que j'étais à ma place et que j'avais trouvé une famille et surtout que je faisais partie de quelque chose de beaucoup plus grand que moi.

Et un an plus tard, à la même date l'an dernier, je débarquais à Dorval, drapée dans ma saharienne, la tête grise, le soleil plein la peau et l'Afrique plein le coeur. Ou le coeur plein.

Premier constat: j'ai changé. En Afrique, il y a un proverbe qui dit les Blancs ont la montre mais ils n'ont pas le temps. Actuellement, je sens que je n'ai ni l'un ni l'autre! Et si une partie de moi est encore de type anxieux, de ce côté j'ai l'impression que j'ai mûri même que je me demande si je ne suis pas tombée dans l'autre extrême: le laxisme ;-) J'essaie de me laisser porter par la vie, de garder les yeux et mon coeur grand ouvert.

Je suis partie au Mali avec des questions. Et comme dans tout examen, je suis revenue avec quelques bonnes réponses, quelques mauvaises et… plusieurs blancs!!! J'ai réalisé que dès l'adolescence, j’ai balisé la route que je suis maintenant. De tous petits signes. Subtils. La Marche 2/3 en secondaire 2, mon implication avec la Croix-Rouge canadienne puis française au Cégep et mon prix pour un concours d’affiche d'Oxfam-Qc. Aujourd'hui, je sais que j'ai besoin de me sentir utile, de sentir que je peux faire une différence. Une autre des bonnes réponses que j'ai eu, c'est JE SUIS CAPABLE. Je peux être presque partout chez-moi(à condition d'avoir un frigo ;-). Je me fais mon petit nid. Doni, doni, kononi bE nyada.

Une des mauvaises réponses, c'est que je n'ai pas été celle que j'aurais voulu être là-bas. J'aurais voulu m'asseoir sur le goudron avec Baba et les autres et discuter de tout. J'aurais voulu me faire plus d'amis, être plus ouverte. Mais en même temps, j'ai été à Bamako comme je suis ici. Et là est toute la remise en question. Est-ce que je dois mettre tout en oeuvre pour changer celle que je suis et que je n'aime pas ou plutôt converger mes efforts vers l'acceptation? Bon, rien de dramatique, n'ayez crainte. Je voudrais simplement être plus énergique, moins léthargique, plus sociale et ouverte mais surtout plus engagée. Je voudrais être à nouveau fière de moi. Simplement.

Un des blancs à mon examen est mon désir de faire de la coopération et la place que je peux y occuper. Est-ce que le désir d'oeuvrer auprès des femmes dans des programmes visant leur autonomisation par l'artisanat n'est que fumisterie? Est-ce un rêve ou une utopie? Et si c'est un rêve, à quel point je désire le réaliser mais surtout, en ai-je la capacité?

Une chose est certaine: je n'ai aucun regret d'avoir vécu cette magnifique mais certes difficile année passée loin des miens. J'ai des souvenirs plein la tête et plein le coeur. Je suis très fière d'avoir persévéré et réalisé ce rêve (bon, ce n'est pas un vieux rêve comme certain mais quand même ;-) Et je recommencerais demain matin mais j'aborderais sûrement le tout autrement. Puisque depuis ces deux dernières années, j'ai changé : j'ai vieilli!!!

Le plus difficile après une telle expérience - et j'ai vécu la même chose au retour du Kili - c'est de trouver un sens à sa vie après. Après avoir consacré des années à la réalisation de son rêve. Il faut savoir tirer parti de cette expérience et continuer d'avancer. Jusqu'au prochain rêve... ou réalisation personnelle.

Moi, je cherche encore…