mardi 5 février 2013

Comme Icare, je me suis brûlée les ailes...

Il y a 2 mois, j'acceptais avec fierté un nouvel emploi. Une tâche titanesque. Je sentais que ma vie prenait un nouvel essor, qu'enfin cette léthargie qui m'habitait depuis quelques années était sur le point d'être chose du passé. J'ai mis toutes les chances de mon côté. J'ai pris une semaine de repos, préparé de la bouffe en masse pour mes lunch, tout ramassé, acheté des cahiers et des crayons afin de bien organiser mon nouveau travail.

Le grand jour est arrivé. Yeah! J'ai les yeux et les oreilles grandes ouvertes. Et... la bouche aussi! Rapidement j'avale un bouillon. J'ai l'impression d'être lâchée dans un océan déchaîné. À la fin de ma 2e journée, je craque, c'en est trop... Je me retrousse les manches et je me dis: Fille, tu sais que le processus d'adaptation est long, alors attelle-toi! Dur, dur... C'est le chaos. Première semaine: 57 heures de travail. Deuxième semaine, un peu plus normal. Je patine. Je surnage. Et je commence à me noyer... La vague me frappe en pleine figure. Et vlan dans les dents. Mon corps se braque. Il refuse d'avaler quoi que ce soit. Il rejette tout ce que j'essaie de manger. Il rejette toute mon anxiété et mon stress par tous les pores de ma peau. Mes yeux sont constamment baignés de larmes.

Je travaille fort, je rentre la fin de semaine, je reste tard les soirs, histoire de faire avancer mon travail et d'éviter la surcharge. Complètement inutile. Je suis perdue. Noyée. Le retour après les vacances des fêtes confirme le tout. Je suis au bord du gouffre. Mes bouées de sauvetage, mes précieux amis et ma mère, me supportent du mieux qu'ils peuvent pendant la tourmente. Mais comme je l'ai appris plus tard, ce n'était que le début... La chose qui me maintenait en vie était ce voyage à Antigua avec deux êtres chers extraordinaires. La semaine avant mon départ j'ai encore accumulé des heures. Je voulais faire le maximum pour éviter que mes collègues soient submergées. Je l'ai fait au prix de ma santé, physique et mentale... Le matin avant de prendre l'avion, j'ai été prise de violentes nausées, d'étourdissements, de maux de têtes. J'ai eu peur de ne pouvoir prendre l'avion. J'ai dormi tout le long!

Arrivée à destination, j'ai décidé de mettre de côté cette tourmente et de profiter pleinement de ces vacances. J'ai fait l'autruche. Je me suis mise la tête dans le sable (et les orteils aussi ;-). Malheureusement, dès que je m'arrêtais, mon hamster repartait de plus belle et me grugeait le peu d'énergie que j'avais.... Jusqu'au mercredi soir où j'ai éclaté comme un volcan en éruption. Le message est clair: je ne veux pas retourner à Montréal. Je veux qu'il y ait une tempête de neige, une grève des contrôleurs aériens, une tourista mais je ne veux pas rentrer... J'ai beau me dire que c'est seulement un travail, que je suis bien entourée, que je suis choyée, que je suis en santé, mais bon, la société actuelle nous valorise par le travail. Pour moi c'est un échec. S'il vous plaît, laissez-moi ici...

Mais non, je retourne à la maison, je contacte des gens pour m'aider. L'intervenante me presse d'aller à la clinique. Je suis constamment dans des montagnes russes. À peine ai-je mis les pieds au bureau que le sol s'effondre sous moi. Je vomis, j'ai peine à respirer et je tremble de tous les membres de mon corps. Ma mère vient me chercher, direction clinique. Je vais arrêter de travailler pour invalidité. La réponse de la boîte: pas besoin d'aller en invalidité pour ça. Je suis à terre et on me demande encore de fournir un effort. C'est au-dessus de mes forces. Je dois piler sur ma générosité habituelle, ma loyauté, mon perfectionnisme et mon professionnalisme pour quitter sur le champ. Le docteur, très comique, diagnostique rapidement le problème: trouble aigü d'adaptation. Et sur le bord d'une dépression sévère. Heureusement la source de stress est derrière moi: je suis congédiée pour incompétence en tant que coordonnatrice. Je n'avais pas les compétences attendues pour ce poste. Soit. J'ai besoin de prendre soin de moi et cet endroit provoque des déferlement d'émotions négatives.

Sauf que ce n'est toujours pas fini. Après une semaine j'accepte de passer 1h30 pour les guider dans les différents projets. À chaque courriel que je reçois, c'est la crise d'angoisse. Il suffit d'un petit message électronique pour me mettre à l'envers toute une journée. Mais j'affronte mon anxiété car dans le fond je peine à dire non. Presque 2 semaines après mon départ, toujours pas de paie ni de cessation d'emploi. Je passe les chercher. La cessation est bourrée d'erreurs et toujours pas de paie pour les deux dernières semaines. Encore des délais. Lorsqu'on souffre, qu'on peine à être fonctionnel, c'est trop demander. Je veux seulement tourner la page et avoir mon chômage, est-ce trop demander? Alors que je demande à corriger le tout et à être payée pour mes heures supplémentaires, on me les refuse. Ce n'était pas dans l'entente. Je conteste: on m'a approuvée verbalement que je pouvais faire du temps pour ce projet. Je sais, ce n'est que de l'argent. Mais c'est injuste!!! J'ai tout donné pour sortir ce projet afin d'éviter qu'elle ne décoive son client. Je me suis rendue malade et tout ce à quoi j'ai droit c'est une claque dans la face.

Sur ce, je dis trop c'est trop. Fini de donner sans compter. Je sais que cette expérience m'apportera beaucoup... Ce que je veux maintenant c'est de la paix, c'est tout. Et passer à autre chose.

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